Il y a des rencontres que vous faîtes au cours de votre vie et qui vous marque. Il y a des personnes que vous rencontrez et il se passe quelque chose d’indéfinissable et vous ne savez dire pourquoi.
Ce fut mon cas en ce qui concerne Charlotte Martyr que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors de la soirée pour la présentation de la collection Capsule faite en collaboration avec Solweig-Lizlow, personnalité dont j'avais commencé à vous parler, dès Août 2011, sentant qu'il y avait du potentiel chez cette Demoiselle. Charlotte va peut être rougir de ce que je vais écrire, car c’est quelqu’un qui ne se met pas en avant. Je ne pense pas qu’elle va m’en vouloir mais elle va me dire qu’il ne fallait pas dire tout cela.
Vous rendez vous compte la chance que j’ai eu de la cotoyer. Charlotte est une artiste comme on en rencontre que quelque fois au cours de sa vie et j’ai eu cette chance là et de surcroit qu’elle m’accorde une interview ce qui est un grand honneur pour moi. Elle m’a fait un cadeau royal et m’a procuré beaucoup de bonheur, ce dont je la remercie.
Charlotte vous pourrez la chercher, fouiner sur internet vous ne la verrez pas. C’est la femme de l’ombre. Et pourtant quelle personnalité, quelle simplicité, quelle femme et avec un caractère propre à elle. Une créatrice hors pair qui ne mérite qu’une chose que son talent soit connu et reconnu déjà en France et de par le monde et que son don explose, car c'est un génie de la conception.
Ne me demandez pas comment est Charlotte car je vous répondrai captivante, resplendissante car elle dégage des ondes que certaines n’ont pas. Charlotte vous l’aurez compris : J'ADORE.
Je ne vais pas continuer à vous faire l’éloge de cette femme, car il y aurait tellement de qualificatifs positifs à lui donner. Je vous laisse avec l’interview qu’elle m’a accordée et vous pourrez par vous-même vous faire une opinion de cette créatrice.
1- Pouvez-vous nous décrire votre parcours pour celles et ceux qui ne vous connaitraient pas ?
J'ai commencé à étudier le dessin et la sculpture avec l'artiste Paul Hubay à la fin de l'adolescence. Je m'orientais plutôt vers une carrière d'artiste à cette époque. Ensuite j'ai travaillé à la commande pendant longtemps, parallèlement, je me suis formée à la céramique d'art entre autres techniques. Mais rien qui me permettait encore de m'exprimer totalement. Il manquait un trait d'union entre toutes ces techniques. En 2007 j'ai rencontré par hasard une joaillère qui m'a proposé de me former dans son atelier parisien. Et la magie a opéré. Je me sers de plusieurs techniques de sculpture pour créer mes collections, j'ai même utilisé des techniques de céramiste dans ma collection Archeology.
2- Ou trouvez-vous vos inspirations ?
En regardant des bijoux vintage, en lisant. Le cinéma m'inspire aussi, la sculpture...L'art de vivre dans les années 50/60 Tellement de choses en fait!
J'aime aussi raconter des histoires ou faire naitre des interrogations chez mon public. Sans doute une démarche un peu plus artistique.
3- Quels sont les matériaux, pierres ou autres que vous préférez travailler ?
J'aime le bronze qui me rappelle la sculpture, l'argent et les pierres neutres comme les cristaux, les pierres de Russie...
4- Dessinez-vous tous vos bijoux mis à part les collections capsules ?
Oui je crée seule. Mais je dessine peu. J'imagine le thème puis quelques modèles et je fais des maquettes de ces modèles. En général, je décline les autres bijoux autour de ces premiers modèles pour approfondir mon thème.
5- Pourquoi le choix de collections « capsule » justement ?
Je fais rarement des collections capsules. Je trouve que plusieurs collections par an c'est déjà beaucoup. Capsule est en réalité le nom de la collection. Il fait référence à la navette spatiale, le thème voulu par Solweig Lizlow pour notre collaboration. 6- Qu’est-ce qui vous pousse à collaborer avec d’autres personnes, leur look, leur personnalité ? Comment les choisissez-vous ou est-ce une demande de ces personnes ?
On m'a déjà proposé des collaborations mais en général les styles étaient basés sur la mode du moment. En général se sont des créateurs qui fonctionnent bien puisqu'ils surfent sur des tendances. Souvent je me demande ce que je viendrais faire dans cette histoire à part apporter un savoir-faire. Du coup je refuse en général. Je préfère collaborer avec des artistes comme Riton la mort ou Sang Noir et rester fidèle à mes goûts. Les personnes qui m'intéressent pour des collaborations sont souvent des personnalités complexes aux inspirations dark. Solweig est comme ça, le public ne le sait peut-être pas et certains l'a voit encore comme la miss météo de canal + mais ils vont apprendre à la connaître au fil de ses projets. 7- Avec qui aimeriez-vous collaborer ?
J'ai une fixation inavouable en ce moment mais c'est une collaboration qui me semble impossible ! Pourtant je vais quand même essayer! J'ai pour principe de foncer et de réfléchir après! Si je me mets à peser le pour et le contre je ne ferais rien parce que je suis quelqu'un d'angoissé.
8- Combien de collections faites-vous par an ? Et qu’elle est la collection dont vous êtes le plus fière ou qui vous correspond le plus ?
Mon agent m'a beaucoup répété qu'il fallait créer en fonction des achats, deux fois par an. Je suis un peu désespérante, je préfère créer quand j'ai quelque chose à dire car je ne travaille jamais en m'inspirant de l'air du temps, de la mode de la saison prochaine.
Je trouve que ma collection actuelle « Intemporels » me ressemble le plus. Elle regroupe tous mes modèles fétiches. De plus j'ai eu la chance d'avoir une égérie pour cette collection! Pauline Jacquard, modèle fétiche d'Olympia le Tanet comédienne représente parfaitement mon univers au naturel. Je ne l'ai pas déguisé, elle est restée elle-même avec ses propres tenues vintage pour la séance et c'est ce que je trouve intéressant. C'est aussi une personnalité assez incroyable, j'espère qu'on sera amenées à travailler ensemble de nouveau! 9- Ou peut-on acheter vos collections mis à part sur votre site ?
On peut trouver mes collections chez Cancan et Soweareà Paris. Bientôt sur le site de l'Exception également. J'ai aussi des points de vente en province et à l'étranger.
10- Pouvez-vous nous expliquer la création de vos bijoux. Du dessin jusqu’au bijou final ? Où achetez-vous votre « matière première », où sont-ils fabriqués, combien êtes-vous dans votre équipe ? Etc….
Mm compliqué de répondre à cette question technique. Je crée mes modèles dans une de cire spécifique. Je crée un moule de la cire pour la pièce de base en métal. Il faut à ce moment-là travailler le métal, beaucoup d'étapes, il faut limer puis polir de plus en plus finement. J'aime ce travail. Si c'est pour une série, je dois refaire un moule pour refaire des cires. Ces cires sont alors fixées sur un « arbre »pour créer les modèles en métal. On finit par un nouveau travail du métal. Sur une pièce en argent on s'arrête là mais sur des modèles plaqués il faut encore passer les pièces dans un bain spécial.
Je suis seule à la création mais je délègue des étapes à des ateliers parisiens parce que sinon honnêtement je ne pourrais pas m'en sortir. Les placages par exemple et la fonte du métal. De mon côté je m'occupe de travailler les cires, de polir le métal, de faire les soudures, les sertis... Pour certains modèles comme la bague perle crâne, je fais tout toute seule.
11- Vous êtes vendue à l’étranger quel est le pays ou vous êtes le plus fière d’être reconnue ?
Aux Etats Unis! Je suis présente dans plusieurs grandes villes, New York, Chicago, Boston.
12- Dans les photos de vos collections il y a toujours « une âme » êtes-vous aussi à l’origine de l’idée pour le shooting ?
Oui le shooting est très important. C'est lui qui va permettre de comprendre le thème, les idées sous-jacentes. Je choisi toujours soigneusement mes modèles, les lieux, les accessoires, le maquillage, la coiffure. On échange beaucoup d'idées avec Pierre Dal Corso le photographe avec lequel je travaille le plus et qui a signé ma dernière série avec Pauline Jacquard. Avec Pauline Darley et Maxime Stange qui sont également des photographes avec qui j'adore collaborer, on échange au début mais ils aiment ensuite prendre le relai et transmettre leur vision. Ça devient donc la collection vue par leur prisme. C'est très intéressant également. Ils ont réalisé la très belle série pour Capsule avec Solweig.
13- Qui aimeriez-vous avoir pour égérie de votre marque ou qui aimeriez-vous voir porter vos bijoux ?
J'ai une grosse fixation en ce moment, (la même personnalité inavouable que pour la collaboration) Elle me sortira de la tête quand elle aura refusé ou accepté. En attendant je fais un blocage sur elle. Je fonctionne comme ça!
14- Votre dernière collaboration avec Solweig-Lizlow est en vente depuis peu. Pouvez-vous un peu nous en parler ?
En effet capsule est en boutique chez Cancan et bientôt l'Exception (en plus du site de l'atelier) C'est une collection que j'ai réalisée en collaboration avec Solweig Lizlow. Elle a dessiné les modèles et je les ai réalisés. Ce sont des pièces brutes inspirées de la science-fiction (Dune pour les pièces avec pyrite et Alien pour les bracelets et bagues vertèbres) On retrouve bien les influences de Solweig et mon travail brut, c'est une collaboration réussie je trouve!
15- Quels sont vos futurs projets ?
Je vais revenir à un travail plus artistique. Toujours dans le bijou pour le moment et pourquoi pas dans la création d'objet. A l'instar de mon modèle Line Vautrin, je compte expérimenter certaines techniques personnelles et ne pas me limiter à la création de bijoux.
16- Que peut-on vous souhaiter ?
Plus de succès pour pouvoir travailler un peu plus confortablement. Il faut bien dire que créer au cœur de la crise ça n'a rien de gratifiant. Il faut vraiment être passionnée. Après les poètes maudits, on traverse des années de créateurs maudits qui créer en étant en permanence dans le besoin et doivent se surpasser pour continuer à s'exprimer.
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Alors conquises ou pas ? Charlotte est franche, honnête, n’a pas une langue de bois comme certain(e)s dans ce monde parfois si superficiel et c’est ce que j'aime chez elle.
Vous avez envie de la connaître, et bien au travers de ses bijoux vous n’arriverez qu’à la comprendre mieux, car elle y met son âme.
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Crédit photos : Charlotte Martyr
